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Festival des Hospitaliers

Publié le par adrenaline2fr.over-blog.fr

Après un été heureux et une reprise de l'entraînement encourageante, c'est plein de confiance que je me suis rendu au coeur de l'Aveyron du Gard et des Cévennes affronter l'ancien parcours des Templiers.

26 : c'est le nombre de coureurs de l'association Courir en Layon qui participaient à l'aventure.

Après une journée de route, nous avons rejoint notre gîte à Sauclières, à une dizaine de kilomètres du départ de Nant. Isolés dans les collines forestières, avec la vue sur les Causses, le cadre était idéal. Et l'ambiance aussi. Des coureurs sympas au pédigree imposant (UTMB, GRP, Diagonale des Fous, Trans Aubrac, Ultra Trail du Sancy, Bretagne Ultra Trail...)

Samedi matin, petite marche aux abords du gîte où j'avais repéré du balisage. On découvre alors un passage sur une ancienne voie ferrée où les pluies de la semaine ont laissé des traces. Comment pourrons-nous éviter les énormes flaques du 18ème km ?

Samedi après-midi, direction Nant pour le retrait des dossards et la visite des vieilles pierres du village. Ensuite, départ de la petite course de 30 km (une course qui se gagne en 2h50...ça laisse rêveur), puis courses des enfants.

Retour au gîte le soir pour les traditionnelles pâtes d'avant-course, au coin de la cheminée...comme un air de vacances !

La différence, c'est qu'à 3h00, finie la rigolade et place à la préparation. Les gâteaux sports et la banane ont du mal à passer, et resteront sur l'estomac un bon paquet de temps.

4h15 : départ pour Nant. Tout le monde est là.

Presque 500 frontales scintillent dans l'aire de départ. La sono crache un hymne spécialement composé pour l'occasion. La puce est activée. 5...4...3...2...1...et c'est parti !

Il fait très bon. Départ en tee-shirt et en cuissard.

Saint Jean du Bruel : 21,5km → 2h37"30 de course

Sur cette portion tout va bien. Un peu de route pour étirer le peloton puis nous longeons un ruisseau avant de remonter sur le Causse du Larzac. Le brouillard est là, la température chute un peu mais on avance. La descente vers Sauclières serpente dans la forêt par une superbe monotrace. On atteint le premier ravitaillement sans difficulté. Il n'y a que de l'eau, donc on ne s'arrête pas.

Je suis sûrement parti trop vite. Je ne le sais pas encore mais ça me coûtera assez tôt dans la course.

Sauclières-Saint Jean du Bruel : 6 km

Quasiment que de la descente, en forêt de feuillus cette fois-ci. Il fait jour. Les couleurs sont splendides. Nous sommes toujours à trois et on s'approche de la montée vers le Saint Guiral, point culminant de la course. Les premiers signes de faiblesse apparaissent. Je ne peux pas suivre le rythme de marche imposé par mes deux compagnons de route que je laisse filer devant. Cette ascension n'est qu'une succession de montées et descentes dans une forêt de sapins. Je la trouve assez longue (peut-être parce que je ne vais pas assez vite) et monotone. Seulement vers la fin, quand la pente s'élève et que le chemin ressemble plus à un sentier de montagne, alors je retrouve le plaisir et les bonnes sensations. S'en suit la longue descente vers Dourbie. D'abord sur une piste forestière, puis sur un sentier technique plein de cailloux. J'ai les jambes qui grincent mais je me fais bien plaisir quand même. On franchit la rivière puis c'est un mur qui se dresse devant nous. Dré dans le pentu comme dirait Papy Boyington ! Le sentier devient plus abordable, en balcon, jusqu'au pied de Dourbies où nous attend le 1er ravitaillement solide.

Dourbies : 43 km → 6h06"40 de course

J'ai des crampes, mais je suis motivé pour repartir. D'autant que la prochaine section jusqu'à Trèves ne fait "que" 12 km.

Quelques kilomètres de plat le long de la rivière de la Dourbie. On alterne marche course. Je suis bien dans la tête. J'ai toujours mal au ventre (depuis le début) mais j'arrive toujours à m'alimenter. Je ne bois sûrement pas autant qu'il faut mais la sensation d'écoeurement est là (et pourtant je ne tourne qu'à l'eau). Nous grimpons ensuite un superbe sentier. Dré dans le pentu une fois de plus. Ca me convient et on monte correctement. On surplombe la rivière et le prochain village. La paysages sont incroyables. Des bénévoles nous annoncent 4 km de descente avec des parties très techniques. Passage de cordes, sentier glissant par endroits. J'attrape une crampe et le temps de la faire partir, le copain est déjà loin. Il m'attendra au ravito. Au pied de Trèves, je croise le président de l'asso qui me demande si ça va. "Non, j'ai mal aux jambes" " C'est normal tout le monde à mal ! Allez".

Trèves : 55 km → 8h11"50

Au ravito, je suis quand même un peu cuit. J'arrive à boire, pas trop à manger. Avec 48h de recul, je me dis que j'aurais dû y faire une pause plus longue. Mais le copain ne veut pas s'attarder, et je n'ai pas la lucidité pour me rendre compte que je commets une erreur.

                                

Prochaine étape : Cantobre dans 12 km.

Physiquement, je suis assez mal, mais psychologiquement je suis confiant. 12 km, ça ne devrait pas être très long. On progresse sur un sentier ouvert par les traceurs à flanc de Causse, surplombant la rivière. Jamais plat, jamais droit, toujours en dévers. Cette portion est IN-TER-MI-NA-BLE !!! Et en plus je sais d'après le profil qu'au bout de ce chemin, je dois monter sur le Causse qui me paraît super haut. Et quand la grimpette commence, je n'ai littéralement plus de jus. Chaque pas est une épreuve. La confiance s'est envolée et le doute s'installe doucement. J'en chialerais tellement je suis épuisé et nauséeux. Mais je n'ai pas le choix, il faut que j'avance. Un autre coureur est à l'agonie, un coup devant moi, un coup derrière moi. Un autre est allongé dans la pente, les secouristes autour de lui. Il y a de la casse. Et quand j’atteins enfin le Causse Noir, je profite du paysage (!), m'assied et vide une bouteille d'eau apportée par un bénévole.

Quel bonheur ! Quelle fraîcheur ! Il y a un peu d'air là-haut, je décide de ne pas m'attarder plus encore. Mais 10 m plus loin, je m'arrête net, rattrapé par des nausées. Le bon demi litre d'eau ressort illico. Je déguste ! Une fois l'estomac vidé, je me sens plus léger, presque mieux 2 minutes mais ça ne durera pas. Dès que j'essaye de boire une petit peu, ça ressort. Idem pour le solide. Sans trop de forces, la progression est lente. Je me fais rattraper par des coureurs de l'asso partis plus prudemment. Lui est mort et elle est bien mais le genou en vrac. On marche sur le Causse ensemble.

La descente est raide. Mais heureusement que ça descend :). Sur le replat avant Cantobre, je n'avance plus, même en marchant. Quelques mots d'encouragement de concurrents qui me doublent en marchand aussi :( . Je traverse la rivière, un bénévole me demande si je veux abandonner. Je lui réponds que non, je veux veux monter au ravitaillement 80m plus haut. Le village est perché sur un aplomb rocheux, évidemment. Heureusement que c'est magnifique...

Cantobre 67 km → 11h59"52

Il est 17h. 12 h que je suis parti. Je suis 1h30 avant la barrière horaire, donc je pourrais me reposer. Et là patatras ! Assis sur ma chaise, les nausées me reprennent. Je vois par la baie vitrée la dernière ascension à effectuer. 6 km de montée et la descente vers l'arrivée. Si proche, et pourtant si loin. J'essaye un peu d'eau, un peu de pomme, et dix minutes après, ça ressort. Dans la tête ça ne va plus. Comment poursuivre sans énergie, sans la possibilité d'en reprendre ? Les deux amis qui sont au ravito avec moi, pas au mieux non plus, ne souhaitent pas s'attarder plus longtemps. Comme je les comprends. Si je pouvais, je partirais rapidos aussi. Je demande aux secouristes s'ils ont quelque chose contre les nausées, mais l'infirmier est parti auprès d'autres coureurs en perdition. Et puis si je ne peux par poursuivre "naturellement", c'est que le corps dit stop. Je suis déçu mais je ne vois pas comment faire autrement. J'aurais peut-être pu attendre. Mais c'est en voiture que je rejoins l'arrivée. Un tour par le poste de secours, une pastille : le début de la remise en forme commence :)

Une petite photo prise la veille de la dernière difficulté du parcours : Le Roc Nantais.

                                  

Avec le recul, je me dis que : la préparation n'était pas assez bonne (trop tôt après les Pyrénées ?), je suis parti trop vite, je n'ai toujours pas trouvé la solution pour une bonne alimentation et hydratation en course, j'ai sous estimé la difficulté de cette course vraiment TRES TRES DURE.

Au fond du trou, dans la dernière montée, je n'avais plus envie. Plus envie de courir, plus envie de baskets, plus envie d'efforts. Et puis au repas d'après course, à la douche et sur le trajet du retour, j'ai déjà commencé à penser à revenir l'année prochaine finir ce qu'il y avait à finir.

Alors, qui sait...

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G
<br /> Et ben dit donc, on croirait presque que les Pyrénées nous ont réellement marqué !!<br /> Entre blessure et fatigue, on voit bien là que ces courses demandent beaucoup d'énergie physique et mentale. Malgré les nausées, tu as su aller vraiment loin, bravo, car cela n'a pas du être facile<br /> à vivre...<br /> 2 mois seulement de répits, c'est peu être un peu juste avant de repartir sur les chemins. Un peu de repos pendant les mois d'hiver seront salutaire. Récupère bien.<br /> <br /> <br />
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